Pour sa prochaine séance, le vendredi 17 mars à 14h, l’Axe TEA invite Jean-Noël Jouzel et Grettel Navas à venir discuter de « l’exposition aux pesticides des travailleurs et travailleuses agricoles ». Rendez-vous en salle 5.023 du bâtiment de recherche sud (5e ét.).
Jean-Noël Jouzel (Directeur de recherches au CNRS, Centre de Sociologie des Organisations, Sciences Po) : Surveiller et responsabiliser :
Les maladies professionnelles liées aux pesticides sous l’œil des autorités sanitaires.
Depuis la fin du siècle dernier, une série de données épidémiologiques indiquent que l’exposition professionnelle aux pesticides constitue un facteur de risque pour certaines pathologies chroniques (maladies neurodégénératives, maladies respiratoires, cancers…). Pourtant, ces produits demeurent des éléments centraux de la production agricole, en France comme dans de nombreux autres pays. Dans cette communication, je montrerai que ce constat renvoie à la continuité historique des politiques mises en place par les autorités sanitaires en charge du contrôle des pesticides, qui placent structurellement sur les agriculteurs eux-mêmes la responsabilité de leur propre protection.
Grettel Navas (professeure assistante, Université de Chili) :
‘If there’s no evidence, there’s no victim’: undone science and political organisation in marginalising women as victims of DBCP in Nicaragua.
Les victimes des pesticides sont souvent ignorées lorsqu’elles exigent des réparations et une action politique en raison de ce que l’on appelle l’ « undone science ». Des études ont examiné comment les groupes sociaux s’organisent pour rectifier l’« undone science », mais on en sait moins sur la façon dont cette « undone science » imprègne les organisations locales pour diriger leurs stratégies en reconnaissant certaines personnes comme victimes de la contamination par les pesticides, et d’autres non. En utilisant le cas de la lutte des travailleurs et travailleuses des plantations de bananes pour demander réparation des maux causés par le pesticide dibromochloropropane (DBCP) au Nicaragua, j’analyse comment ce qui compte comme « preuve » façonne la lutte et comment, dans le processus, l’expérience vécue du mal par les femmes n’est pas considérée comme prioritaire.
La séance sera également accessible en ligne au lien suivant.