L’axe Transitions Écologiques Américaines (TEA) vous invite à la 4e séance de son séminaire le vendredi 17 février à 14h en salle 5.023. Cette séance sera dédiée au thème de LA MER et plus précisemment de la région Caraïbes / Amérique centrale et ouvrira la discussion entre Justine Berthod et Nadège Legroux.
Nadège Legroux (doctorante en géographie, université Paul Valéry III et UMR SENS de Montpellier, département de la recherche de l’Agence française de développement) : Son travail de thèse porte sur la conservation de la biodiversité en haute mer à travers le cas du dôme thermique du Costa Rica.
Justine Berthod (doctorante en sociologie, Sorbonne Nouvelle, IHEAL-CREDA UMR7227, CNRS) : Sa recherche doctorale traite de la contamination chimique de l’océan aux pesticides persistants à travers le scandale du chlordécone en Martinique.
Bien que cette idée ne soit pas nouvelle, l’océan persiste aujourd’hui comme une “dernière frontière”. Les usages humains s’y poursuivent et se multiplient afin de contrôler l’extraction de ressources toujours plus diverses, développer des connaissances scientifiques sur son rôle dans la régulation du climat, évaluer l’impact des activités humaines sur ses écosystèmes… Les tentatives de gouverner les espaces marins s’attachent en général à les territorialiser davantage : dessiner des frontières fixes, cartographier les fonds, établir des aires de gestion. En Martinique, le “cantonnement chlordécone” est une zone délimitée en mer sur près d’un tiers du littoral de l’île si fortement contaminée à ce pesticide que la pêche y est totalement interdite – le chlordécone est pourtant bien mouvant, porté par les espèces et les sédiments. Dans le Pacifique centraméricain, le “dôme thermique du Costa Rica” fait l’objet d’un plaidoyer environnemental au sujet de la protection de la biodiversité associée à ce phénomène mobile et éphémère, à cheval entre la haute mer et les eaux sous juridiction des états.
Au croisement de nos recherches, nous nous interrogerons d’abord sur ce que la mer fait à la construction de nos terrains d’enquête en sciences sociales : comment aborder le lointain, l’invisible, le mouvant ? Nous envisagerons ensuite les efforts de territorialisation révélés par nos cas d’étude, et leur superposition à des discours et pratiques faisant état de formes réticulaires d’appréhension de l’espace. Notre communication souligne la pluralité spatiale produite depuis la mer et replace la territorialisation du maritime comme un processus contredit, résisté mais dominant malgré son émergence récente. Nous terminerons en nous questionnant sur ce que les rapports de force dans la production de savoirs et de modes de gouvernement impliquent, et expliquent, au sujet de ces spatialisations fluides de l’océan, de la côte à la haute mer.
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