Le 1er décembre 2022, Mickaël Orantin soutient sa thèse en anthropologie, “Les prêches du labeur. Anthropologie historique du travail dans les missions jésuites du Paraguay (1609-1768)”, effectuée sous la direction de Capucine Boidin et Denis Merklen.
Résumé :
Entre 1609 et 1768, les missionnaires de la Compagnie de Jésus fondent et administrent au Paraguay une trentaine de grands villages dans lesquels ils évangélisent les Indiens de la région, pour la majorité des Guaranis. Parmi les transformations sociales induites par la conversion au christianisme, celle des pratiques et représentations liées au travail occupe une place centrale. La production missionnaire assure la pérennité matérielle des villages et, ainsi, les conditions de possibilité de l’évangélisation. Instrument de domination, le travail permet aussi l’intégration sociale. Ses métamorphoses sont inextricablement liées à celles des structures de parenté, de l’assistance sociale, des techniques, de l’échange, de l’identité et, bien sûr, de la religion. À travers, entre autres documents d’archives, la traduction et l’examen d’un catéchisme de travail monolingue guarani inédit et rédigé dans les missions au XVIIIe siècle, cette thèse mobilise les outils de l’anthropologie historique afin de mettre au jour les conflits et les collaborations issus de la rencontre entre les conceptions européennes et guaranis du travail, mais aussi les malentendus qui perdurent durant cent cinquante ans. Ces derniers trouvent leur expression la plus développée dans les transformations des techniques de production, de la famille et de l’économie, toutes articulées autour du travail, qui forme avec la religion l’un des deux piliers centraux de l’évangélisation dans les missions jésuites du Paraguay.