Le 24 janvier 2023, Jordie Blanc Ansari soutient sa thèse en anthropologie, “Suma Qamaña, Saidha Enime : une anthropologie participative par l’image sur les perceptions de la nature et du Vivir Bien en Bolivie”, effectuée sous la direction de Franck Poupeau.
Résumé :
La Bolivie a inscrit en 2009 le concept du Vivir Bien dans sa Constitution. Ce concept d’origine indigène, repris par le gouvernement d’Evo Morales, place la Nature et les hommes au sein d’un système d’interconnexion et d’interdépendance. Son importation dans la sphère politique amène à s’interroger sur les modes d’appropriations des savoirs autochtones, et à repenser la gestion des ressources naturelles, l’agriculture, l’économie, l’éducation et, plus largement, les relations sociales. Le discours politique du gouvernement bolivien s’inspire des études décoloniales. Il porte une volonté de rupture face au modèle hégémonique capitaliste, désigné comme colonisateur de la pensée et de la Nature. Les savoirs autochtones se voient ainsi mobilisés comme une forme de résistance à la globalisation. En 2010, le gouvernement bolivien promulgue la loi pour le respect de la Terre-Mère qui transforme la nature en un véritable sujet de droit. L’objectif de cette thèse est d’analyser les modes d’appropriation du concept du Vivir Bien, à partir d’une enquête ethnographique participative et multi-située dans le département de La Paz. À travers des ateliers audiovisuels menés auprès de jeunes boliviens, ce travail interroge les catégories de Nature et de Vivre-ensemble par l’image animée. Cette anthropologie visuelle des mises en récit de la nature mobilise les concepts de « cadre de perceptions » et « d’ambiance » pour questionner les manières de raconter l’environnement et la nature.