Nouvelle membre au CREDA : Stefania Capone

Nous sommes ravis de vous annoncer que le CREDA accueille une nouvelle membre passionnante : Stefania Capone ! Elle occupe le poste de Directrice de recherche (DR1) au CNRS et est une spécialiste des religions afro-atlantiques. Stefania a rejoint notre équipe en septembre 2023 et nous souhaitons vous la présenter plus en détail.

 

 

Étudier les religions transatlantiques : l’histoire d’une rencontre

 

Originaire d’Italie, Stefania Capone fait ses premiers pas dans le monde des religions d’origine africaine au Brésil lors de sa Tesi di Laurea sur le candomblé à l’Université Orientale de Naples, en 1983. Suite à cela, en 1991, elle obtient un Mestrado en anthropologie sociale au Museu Nacional (UFRJ) de Rio de Janeiro et soutient, en 1997, une thèse de Doctorat en ethnologie à l’Université de Paris X-Nanterre. En 2000, elle intègre le CNRS et, en 2006, devient Directrice de recherche.

 

« Les parcours personnels et professionnels de chacun d’entre nous sont toujours marqués par des rencontres. La rencontre avec un professeur d’anthropologie napolitain m’a fait découvrir l’univers des religions d’origine africaine au Brésil. »

 

En 1982, le candomblé était très peu étudié en Europe, il n’y avait pas de livres en italien et très peu en français, hormis principalement les œuvres de Roger Bastide. Il était donc nécessaire pour elle de partir au Brésil et de maîtriser le portugais pour avoir pleinement accès à cet objet d’étude. Elle décide donc de relever ce défi et, en janvier 1983, arrive à Salvador de Bahia pour entamer ses recherches de terrain. Depuis, elle n’a jamais rompu son lien profond avec le Brésil.

 

Un objet d’étude sur trois continents

 

Aujourd’hui, le champ de recherche défini par Stefania Capone est la transnationalisation des religions afro-atlantiques entre les Amériques, l’Afrique et l’Europe. D’ailleurs, elle préfère le terme « afro-atlantique » à « afro-américain », puisque ces religions sont co-construites des deux côtés de l’océan Atlantique.

 

(Re)Construction des traditions

 

Depuis le début de ses recherches sur ce thème, Stefania a pris le parti d’étudier plusieurs maisons de culte afin d’avoir une vision plus fine de la construction de la tradition dans les religions afro-atlantiques. Outre les religions afro-brésiliennes telles que le candomblé et l’umbanda, elle a aussi étudié le culte d’Ifá, selon les traditions cubaine et nigériane, ainsi que la santería ou culte lucumí chez les Cubains à Miami et l’esin ibilé chez les Yoruba au Nigeria. De nos jours, beaucoup d’initiés brésiliens se rendent au Nigeria pour se re-initier dans le culte des orishas (les dieux yoruba), cumulant et transformant les pratiques religieuses d’origine africaines au Brésil.

 

« Ces religions naissent du déchirement, de l’arrachement à la terre natale. Elles naissent de la perte d’un savoir qui n’a pas pu être transmis de façon complète et qui doit être sans cesse reconstitué. Par des allers-retours en Afrique, les initiés espèrent recomposer un savoir rituel dont la totalité avait été perdue au fil du temps. »

 

Un maître-mot : observer

 

Selon Stefania Capone, pour maîtriser cet objet d’étude, il faut passer énormément de temps sur le terrain, il faut pratiquer l’observation participante, vivre avec ses interlocuteurs et apprendre avec eux.

 

« Ce sont des religions d’initiation qui donnent des réponses différentes selon le niveau d’engagement et de connaissances que vous avez acquis. Il est donc nécessaire de passer du temps avec les initiés. Apprendre leur culture, leurs rituels et comprendre en profondeur leur lien avec les co-présences, c’est-à-dire les divinités, qui les accompagnent. Cela se construit sur la durée. »

 

Un retour aux origines : Le CREDA

 

Sa venue au CREDA est perçue, par elle, comme un retour aux sources. En effet, elle a commencé sa carrière dans un autre collectif de recherche, le LESC à Nanterre, où elle a collaboré avec les Américanistes. Les dialogues entre chercheurs que ces laboratoires permettent sont, selon elle, sources d’enrichissement permanent et mettent en perspective ses recherches avec d’autres réalités.

 

Le mot de la fin

 

« Le mot de la fin n’existe pas, quand on aime faire de la recherche il n’y a pas de fin. Si on a la curiosité intellectuelle et l’envie de continuer à suivre tous ces processus au plus près de l’action, il y aura toujours d’autres horizons possibles devant nous. »